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Taurobolium

16 mai 2015

L'époustouflant "Bossu de Notre Dame"

J'avais dix ans quand "Le Bossu de Notre Dame" est sorti. 16 ans quand je l'ai vu. 28 ans aujourd'hui en le revoyant.
Et ce film est à mes yeux la plus belle animation de Disney. Je n'ai jamais vu une telle introduction dans un Disney... C'est magistral.

L'histoire commence en chanson. Clopin raconte aux enfants que la mère de Quasimodo était une bohémienne que Frollo pourchassait, croyant qu'elle détenait dans ses mains un paquet de larsins... Il tua la bohémienne et saisissant le paquet, se rendit compte que c'était un enfant. Découvrant la laideur du bébé, Frollo s'apprête à l'abandonner au fond d'un puits. L'archidiacre l'en empêche. Et c'est là que j'ai la chair de poule. L'archidiacre accuse la cruauté de Frollo dans ce chant magnifique (voix exceptionnelle du chanteur ....)
L'impassibilité de Frollo accentue la force du chant de l'archidiacre qui finalement, craignant le jugement divin, finit par adopter Quasimodo...
L'on revient sur Clopin qui chante: "L'homme est-il un monstre ou le monstre un homme?..."
Et on enchaine sur ce plan absolument magnifique de Quasimodo sonnant les cloches face à l'aube qui point...

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Cette scène ne dure que quelques secondes mais j'en ai des frissons. Presque les larmes aux eux. Pendant ces quelques secondes, je sens ce putain d'hommage au livre de Victor Hugo. La silhouette de Quasimodo sous les cloches est tellement réaliste, le travail des couleurs, de la luminosité sont tellement réalistes qu'on dirait un tableau animé. Je reste ébahie devant cette scène magistrale... C'est un hommage magnifique à l'ouvre de Victor Hugo: Quasimodo face à la lumière orangée de l'aube sonnant les cloches. Les mouvements du corps sont grâcieux et l'on mesure tout le talent des animateurs, impossible donc de ne pas saisir toute la beauté de ce Disney... Tous les personnages sont animés avec perfection. Je reste sidérée encore aujourd'hui par les expressions faciales de Frollo et Pheobus.
Pour ce qui est des voix françaises, on a une large palette de comédiens tout autant talentueux les uns que les autres. Petite mention pour Francis Lalanne qui, bien que je n'aime pas trop le chanteur, a réussi à rendre Quasimodo infiniment touchant et déchirant de sincérité. On aime immédiatement le personnage. Pas besoin de citer l'énorme Jean Piat qui fait la voix de Frollo mais qui est également la voix de Scar dans "Le Roi Lion". Jean Piat réussit à rendre son personnage exécrable. Le Frollo du Disney est impitoyable. C'est un homme de foi et de justice mais il n'a de pitié envers personne. Et la voix de Piat, dans cette tonalité grave si famillière, rend le personnage terrifiant... Il n'y a qu'à voir cette scène terrible où Frollo hurle sur Quasimodo avant de lui dire qu'il a trouvé la cachette des bohémiens et qu'il compte attaquer à l'aube. Frollo n'a aucune scène drôle, le personnage est excrécrable du début à la fin. Et Piat a parfaitement su habiter ce personnage tant dans les dialogues que dans les chants. Je trouve que Jean Piat habite bien mieux Frollo que Scar.
Phoebus est doublé par Emmanuel Jacommy qui a doublé entre autres Pierce Brosnan. Jacommy sait rendre le Phoebus de Disney sympathique et drôle... La voix espiègle et sensuelle d'Esméralda est prêtée par Rebecca Dreyfus qui, quant à elle, fait bien ressortir la ténacité de son personnage et rend Esméralda tellement attachante... Nul besoin de citer Clopin qui est doublé par le très connu Bernard Alane (si si, c'est lui qui fait la voix du colporteur dans "Aladdin", c'est donc à lui qu'on doit le très beau chant "Nuits d'Arabie" et puis j'espère que vous avez quand même vu le "Hibernatus"...). C'est lui qui fait l'entrée du "Bossu de Notre Dame". "Les cloches de Notre Dame" est ma chanson préférée de l'animation. Bernard Alane double aussi bien Clopin que La Muraille. Et il le fait avec brio, impossible de faire le rapprochement sur les deux personnages. La voix pour les deux personnages est complètement différente...
L'animation 2D est exceptionnelle, les détails sont saisissants de beauté et Notre Dame est sublime. On se plonge dans ce Paris du XVème siècle avec délice et on ne peut que saluer le travail exemplaire de l'équipe Disney... Les tons chauds sont présents tout au long du film. Le rouge et l'orange sont des couleurs omniprésentes... Couleurs du désir?...
Et que dire du travail du génialissime Alan Menken qui a superbement illustré le film par ses musiques tout autant captivantes qu'envoûtantes. Les chants grégoriens sont puissants, les mélodies entêtantes. Le début de film commence magistralement et musique et animation se marient à la perfection dans, je le répète, ce putain d'hommage à l'oeuvre de Victor Hugo... Merde, on a quand même de putains de chants grégoriens et des mélodies de fous... J'ai les poils sur les bras qui se dressent !

Attardons-nous sur l'histoire, à présent. Quand j'ai visionné "Le Bossu de Notre Dame" il y a quelques semaines, je me suis demandée comment on a pu montrer ce film à des enfants tant il est complexe et sombre. Frollo est glacial, il s'apprête à tuer Quasimodo bébé, on a des allusions au sexe en permanence... Quand ce n'est pas l'attirance de Frollo envers Esméralda (il va carrément chanter, de manière classe certes, qu'il a envie de faire l'amour avec Esméralda!), on a cette scène entre Phoebus et Esméralda. Elle l'affronte avec un malheureux chandelier dans la cathédrale de Notre Dame. Phoebus plaisante:
"- Chandelier! Musique! C'est bien l'endroit idéal pour un combat au corps à corps!"
Lorsque j'ai vu cette scène, je me suis dit: "WHAT THE FUCK?" Et ce petit filou de Pheobus qui en rajoute:
"- Tu as tendance à viser le bas ventre on dirait?"
Et moi de me dire: "Est-ce que je regarde bien un Disney?"
Je peux aussi vous parler de la séquence chanson de Frollo, "Infernale", où Frollo, devant la silhouette d'Esméralada qui apparait dans le feu de sa cheminée, confesse son désir de la bohémienne.
"- L'enfer noircit ma chair du péché de désir..." ou encore "Pourquoi les flammes de sa chevelure dévore mon corps d'obscènes flétrissures ?..." C'est juste tellement magique. On découvre pour la première fois dans un Disney la faiblesse humaine du méchant: il désire une femme, et il le dit... Si dans certains Disney, les allusions sexuelles sont un peu plus implicites, dans "Le Bossu de Notre Dame", elles sont clairement explicites!


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Et c'est ce qui fait toute l'obscurité du personnage de Frollo. C'est le premier méchant Disney qui est motivé par autre chose que le pouvoir... Il souhaite anéantir Esméralda pour mettre fin aux tourments qu'elle suscite en lui. Il a envie d'elle et deux solutions s'offrent à lui pour se défaire de ce mal qui le ronge: succomber à la tentation en obligeant Esméralda à se soumettre à son désir ou alors la laisser périr par les flammes. Frollo cherche sa liberté. Bien qu'un homme de foi et de justice, il se fait sa propre justice. Il justifie chacune de ses actions par la droiture de sa foi et son désir d'évincter le mal.
Et c'est là qu'on rentre dans une autre thématique plus sombre pour un Disney: la notion très explicite du racisme. Pour Frollo, les bohémiens font partie de cette race qui nuit au peuple et éveille en lui "ses plus vils instincts". C'est raciste à mort car pour Frollo, la seule solution pour combattre le "fléau" des bohémiens qui envahissent Paris est de tous les éliminer...
La sène où Quasimodo se fait lyncher par la foule est terrible. Ça vire presqu'au trash au vu des tomates qu'il se prend en pleine figure, on pourrait assimiler leur liquide rouge à du sang. Le sang des blessures de Quasi.
Ce qui fait la maturité de ce Disney est également cette dénonciation du rejet des différences, de la lâcheté des gens qui ne font rien pour défendre celui qui est injustement humilié en public. Quand Esméralda défie Frollo devant la foule silencieuse, on s'attend à ce que cette dernière réagisse au moment où la bohémienne hurme "Justice!" Mais il n'en est rien. Ce Disney montre alors aux enfants qu'il est effectivement possible que devant un tel acte de bravoure et de courage, une personne ne soit pas défendue par ses semblables et soit la seule à se battre pour protéger ceux qu'elle appellera plus tard dans sa chanson, "les bannis".
Premier Disney également à évoquer la foi, la religion... C'est aussi sans doute pour ne pas choquer les enfants (ou l'Amérique puritaine) que Frollo, archidiacre dans le roman, est ministre dans le dessin animé.. Imaginez-vous, un prêtre dans un Disney qui avoue vouloir succomber aux plaisirs de la chair, ça serait sûrement mal passé...

Je ne ferai pas davantage d'analyse de ce film tant il en regorge sur la toile... Mais notons néamoins que l'humour domine également ce film, bien que l'histoire originale est sombre... Les gargouilles sont drôles, attachantes. Je trouve qu'elles sont un peu la conscience de Quasimodo... Phoebus a des réparties très drôles également... Clopin est plus loufoque que drôle mais la légèreté de ces personnages est nécessaire pour alléger la noirceur de ce Disney...

Pour terminer cet article, je souhaiterais venir sur cette scène magnifique où lorsque Quasimodo sauve Esméralda du bûcher, monte sur la cathédrale, et tenant la gitane à bout de bras, hurle: "Droit d'asile!"
Cette scène est de toute beauté et n'en rend le personnage de Quasimodo que plus impressionnant et magistral...

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16 mai 2015

Ces chansons qui n'appartiennent plus aux artistes


Il y a ces artistes qu'on écoute parce qu'on les adore, parce que leur personne et leur univers nous touchent et que nous nous y reconnaissons. Ainsi, tout le répertoire des dits artistes devient une référence, un baume.
Et puis il y a ces artistes dont on n'a strictement rien à foutre mais dont une chanson, voire deux vont trouver écho en nous.
Ces chansons, ces musiques, je les éprouve souvent comme indépendantes de leurs auteur et compostieur. Des chansons qui, une fois le disque sorti et mis en radio, prennent possession du coeur et de l'esprit de chaque auditeur.
Je ne sais plus quel artiste de variété disait reconnaître qu'une fois que son album sortait, ses chansons ne lui appartenaient plus mais appartenaient au public.
Bien au-delà de ça, il m'arrive très souvent d'écouter une chanson, une seule, d'un artiste dont je ne suis pas fan, dont je ne suis en tout cas pas la carrière et d'être tant imprégnée par son morceau que j'en oublie qui est l'homme(la femme) derrière la voix, les arrangements, la composition...

Je suis assez écclectique. Je peux écouter de l'électroswing, de l'électro, du dubstep, du rock, du métal, du classique, comme de la variété française!...
Et récemment, j'ai eu un choc en écoutant "Un jour au mauvais endroit" de Calogero. Non, ce n'est pas le chanteur, ni la thématique de sa chanson qui m'ont remuée mais la musique elle-même. Le refrain me bouleverse. La mélodie est entêtante, j'imagine tellement de choses qui n'ont rien à voir avec l'histoire douloureuse de ses deux gamins d'Eychirolles dont il parle. La chanson m'entraine vers quelque chose que je ne peux pas décrire. Il y a une teneur dramatique dans la mélodie de cette chanson.

Calogero - Un Jour Au Mauvais Endroit




Avant, j'étais fan d'Indochine (mais ça, c'était avant), et il y avait cette chanson que j'ai mis quelques années à aimer, jusqu'à il y a quelques années où je me suis rendue compte de son étonnante beauté: "Le Message". Texte et paroles me font partir dans une espèce de conte où l'artiste qui a composé ce titre n'existe plus. On imagine ce coule en plein océan, le bateau fait naufrage, comme leur couple. Ils se sont accrochés, et maintenant ils coulent. J'imagine facilement ce bateau dans le calme de l'océan, dans la pénombre de la nuit. Et je pars à des milliers de kilomètres quand j'écoute cette chanson...


"Taurobolium" de Devendra Banhart n'échappe pas à la règle. Bon, comme la majeure partie des gens, j'ai découvert cette chanson pour la très sensuelle pub du parfum Kenzo "Jeux d'amour". Et quand j'écoute ce titre désormais, c'est toute une ambiance chaude et langoureuse que j'imagine, un espace de sensualité où tout n'est que suggestion. On peut y retrouver son expérience personnelle, on peut y retrouver une tranche de vie. Dès lors, le mec qui est derrière la composition et le chant n'existe plus. Il n'y a que sa chanson et ce qu'elle raconte qui importe...

Devendra Banhart - Taurobolium



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